Fleurir de ses racines
Fleurir ses racines est un projet de collecte de récits de vie créant un lien entre les jeunes et les aînés de la communauté. Par le transfert des références culturelles d’un patrimoine riche, à travers le récit et l’enregistrement des histoires de vie des aînés, cet héritage sera considéré et archivé, plutôt que perdu et oublié. Dans un processus d’apprentissage mutuel, l’expérience des aînés, gardiens de notre patrimoine collectif, permettra d’une part de faire fleurir le passé par le biais de la transmission aux jeunes des histoires de vie, et, d’autre part, de consolider auprès des jeunes les racines fleurissantes de leur propre identité grâce à la réception et l’enregistrement de ces témoignages, une source importante de la formation de leur identité.
Le projet a débuté en avril 2008 et a pris fin en juillet de la même année. Il a été possible grâce à une subvention reçue de Patrimoine Canada. Il a été réalisé sous la coordination générale de Hourig Attarian, Ph.D, avec le soutien enthousiaste du conseil d’administration de Hay Doun. Cet engagement a été une excellente occasion pour les jeunes stagiaires, tous étudiants, de développer des compétences dans les domaines de la tradition orale, de la tenue d’un journal de bord, ainsi que de la réalisation et de la transcription d’entrevues.
En tissant des liens tangibles entre le passé et le présent, cette activité a été un catalyseur entre les générations: elle a donné lieu à la création d’un lien indélébile entre les jeunes participants et les aînés par le biais de la transmission de l’histoire orale. En outre, le projet a suscité une réflexion sur les liens profonds qui existent entre les mémoires personnelle, collective et sociale.
Pour les aînés qui étaient impliqués, “fleurir ses racines” a fourni une occasion unique de prendre leur place au sein de la communauté comme acteurs et auteurs d’expériences migratoires et d’histoires qui sont sources d’inspiration pour les générations futures. Le projet a contribué également à briser l’isolement social vécu par de nombreux aînés. Pour les jeunes qui ont recueilli les récits de vie, ainsi que pour ceux qui viendront en contact avec ce matériau dans l’avenir, “fleurir ses racines” offre un enseignement précieux. Il retrace les trajectoires migratoires des ancêtres de ces jeunes et crée un lien intergénérationnel qui reste indispensable pour l’apprentissage et la compréhension de leur histoire, de leur identité (en relation avec la diversité des origines arméniennes de la diaspora au Liban, en Syrie, Egypte, Irak, Turquie, Éthiopie, …) et de la culture de leur réalité actuelle, canadien et québécois. Il servira également comme un moyen pour eux de se réapproprier leurs origines et de saisir pleinement la valeur réelle du passé, car il influence leur vie actuelle.
Enfin, à partir d’une série de discussions publiques, cet héritage collectif a été partagé avec la communauté toute entière. Une première discussion, en collaboration avec “l’Université autrement… dans les cafés” de l’Université Concordia a eu lieu au Café Dépanneur dans le Mile End où la communauté en générale fut invitée à y participer. Cette discussion fut suivie d’une deuxième, adressée spécifiquement à la communauté arménienne de Montréal qui s’est tenue à l’Union Générale Arménienne de Bienfaisance.
Ce projet, que nous souhaitons reconduire, laissera des traces, parmi lesquelles la publication prochaine d’un livre sur les récits de vie (prévue pour septembre 2011).
Comme le dit si bien le grand conteur Gabriel Garcia Marquez, « la vie n’est pas ce que l’on vit, mais ce dont on se souvient et comment on se souvient en vue de le raconter » (2003, traduction libre).